Sortie à la carte à Fort Bloqué !!!
Lundi 24 février 2020, Port de Fort-Bloqué, coef 85
Cette 4ème sortie de février n'a pas du tout été programmée. Toute sortie peut être organisée sur demande particulière, il suffit que nous soyons disponibles et que le coefficient de marée soit intéressant !!! C'était le cas
Le HIC ... C'était la météo !!! Mais le fort vent de mer et les grosses averses n'ont découragé personne. A l'abri derrière le fort et tous encapuchonnés, les recherches allaient bon train ...
Il y a un an, presque à la même date, la petite famille (Arielle et Patrice, Léna et Louka), avait participé à une sortie organisée aux Sables Rouges (Courégant). La voici de nouveau avec nous (Solen, Lysiane et Pierre) sur le terrain et avec en mémoire, les noms des petits animaux marins, BRAVO !!!
Nous avons donc rendu une petite visite de courtoisie à nos petits voisins fidèles de l'estran. Les photos "souvenirs" seront rares à cause du temps très très humide.
Néanmoins, voici quelques clichés pour faire connaissance avec :
A gauche, découverte du jour : une Idotée de la Baltique (Idotea balthica); à droite, trouvée sur le même site un autre jour.
C'est sous les pierres parmi les algues fraîches ou échouées que nous l'avons le plus souvent rencontré. Notre ami à 14 pattes est omnivore mais apprécierait avant tout les Fucus (algues brunes). Son espérance de vie serait de 1 à 2 ans !!!
Trouvées sous la même pierre, une jeune Blennie de 6 cm (peut-être un Mordocet ?) et une petite Callianasse blanche (Pestarella tyrrhena) de 2,5cm.
Restons dans le domaine des Crustacés mais des décapodes cette fois !
Décapodes => 5 paires de pattes
Voici les informations trouvées sur cette curieuse créature :
La Callianasse blanche est aussi appelée Taupe de mer. Vous devinerez pourquoi ?
Parce qu'elle creuse des galeries dans les substrats sablo-vaseux (jusqu'à 60 cm de profondeur) pour se loger, se nourrir, se cacher, bref ... faire sa vie !!! Effectivement, nous l'avons découverte uniquement dans ce type de milieu : soit à Locqueltas, soit au port de Fort-Bloqué, sites particulièrement riches en matières organiques !
Mais qui est ce petit crabe (2,5cm) à carapace toute blanche trouvé également blotti sous une pierre ?
Encore un Crustacé décapode dont la silhouette nous est déjà plus familière
Observons le de plus près : sa carapace est lisse avec une forme ovale 2 fois plus large que longue et un contour festonné comme une tourte. Ses 2 détails suffisent à identifier un Tourteau ou Dormeur (Cancer pagurus). Sa couleur pourrait laisser perplexe mais les juvéniles sont parfois totalement ou partiellement dépigmentés !!!
Sur le terrain, nous les avons toujours trouvés blottis dans des failles ou anfractuosités rocheuses, mais également sous les pierres ...
Les Tourteaux semblent inertes même placés dans la main, les pinces et les pattes recroquevillées comme pour dormir, d'où leur surnom de Dormeur ! Ce juvénile peut aussi avoir l'air ou être pétrifié !!!
Mais méfiance, leurs grosses pinces peuvent sectionner un doigt !!!
Alimentation : en tant que détritivores charognards, ils ont un rôle important dans l'équilibre des écosystèmes marins. Ce sont aussi des prédateurs mais leur choix se portera sur les espèces qui ne peuvent pas fuir (Gastéropodes, Balanes, Vers...) Ainsi va la VIE dans l'équilibre de la Nature !!!
Mais la chair du Tourteau est tellement fine pour les papilles du prédateur suprême qu'il est le crustacé le plus exploité commercialement:
En France, de 6 à 7000 tonnes par an !!!
A savoir : Les adultes sont pêchés au large dans des casiers ou sur la côte lorsqu'ils s'en rapprochent pour s'accoupler ... par chance les femelles y échappent car, grainées, elles font la diète et boudent les appâts
Au vu de son exploitation aujourd'hui,
PITIÉ POUR EUX !!!
S'ils ont de la chance, ils pourront atteindre une taille de 30 cm
Et vivre jusqu'à l'âge de 20 ans !!!
Au cours des 3 sorties précédentes (Kerguelen, Port-Fontaine, Locqueltas), nous avions eu la joie de constater la présence d'Hermelles (Sabellaria alveolata). Là encore, nous avons pu observer leurs jolies constructions en "nid d'abeilles" qui, si elles ne sont pas piétinées, pourront favoriser l'arrivée de bien d'autres espèces !!!
Excellente documentation sur le site www.hermelles.fr
Les grosses gouttes ayant écourté la sortie, un atelier Éponges (au sec ) et Plancton a été programmé dans la même semaine ...
Prélever des échantillons d’Éponges demande un peu de souplesse !!!
En tout cas, notre Professeur Spicules est très motivé !!!
L'atelier proposé s'est déroulé au local de la Sonalom à Lomener (merci Bernard ).
Un prélèvement de Plancton et un de petits morceaux d’Éponges (pas d'inquiétude, elles se régénèrent) ont été effectués à l'Anse du Stole (Lomener) juste avant l'arrivée de la petite famille.
Ensuite, on peut commencer les observations au microscope
Chaque espèce a donc sa "carte d'identité"
5 Éponges Siliceuses du Stole ont été identifiées :
Hymeniacidon perlevis => spicules : styles fins + styles épais de différentes tailles (un bout arrondi et une pointe)
Halichondria panicea => spicules : oxes courbés fins + oxes courbés épais (une pointe à chaque bout)
Cliona celata => spicules : tylostyles droits épais + tylostyles courbés épais (une boule et une pointe)
Ophlitaspongia papilla => spicules : petits toxes + grands toxes (moustaches), subtylostyles épais et courts + subtylostyles longs et fins (boules plus discrètes)
Tethyspira spinosa => spicules : styles ou tylostyles longs et fins, droits ou courbés , microtylostyles épineux
Cet atelier a permis d'échanger sur l'importance de ces animaux primitifs et l'intérêt de les préserver au même titre que toutes les espèces existantes !!!
Un certain nombre d'entre elles sont à l'étude en pharmacologie pour leurs propriétés anticancéreuses, antivirales ou antibiotiques.
Quand cette pandémie cessera de les harceler,
Les Humains regarderont peut-être la Nature
Avec plus de RESPECT !
Après tout, le plus petit être vivant sur cette Planète
Pourrait venir à bout du Grand Prédateur !!!